Une jeune reporter intriguée par le phénomène Izarra a eu une audacieuse, belle initiative : faire ses armes en m'interviewant ! Un peu impressionnée par le personnage, tremblante à l'idée de me poser ses questions, elle demeura très professionnelle cependant. Souhaitons-lui une carrière éclatante après ce coup de maître !
- Raphaël Zacharie de Izarra, bonjour. Tout d'abord merci de m'avoir accordé cet entretien. C'est une occasion unique pour une journaliste débutante, vous savez... Une entrée dans le métier par la grande porte, en quelque sorte.
Bonjour mademoiselle... Je ne vous le fais pas dire : une interview qui marquera les annales du grand journalisme et dont les retombées porteront à la postérité sa courageuse et charmante échotière. C'est en tout cas le privilège que je vous souhaite. Mais ne faisons pas patienter plus longtemps notre lectorat..
- Raphaël Zacharie de Izarra, les femmes parmi les plus belles vous doivent les plus chères heures de leur vie. Nous livrerez-vous enfin vos secrets de séduction ?
Écoutez, je n'ai aucun secret de séduction. Je suis tout simplement moi-même, naturel. Hautain, esthète, joueur, capricieux, fantaisiste... Cruel et tendre. Odieux et attentionné. Tiède et glacial. Féroce et cajoleur. Cynique bien évidemment. Pas trop tendre, avec juste ce qu'il faut d'humour macabre... Pas excessivement de fleurs, beaucoup d'épines, un peu d'orties aussi. Ça revigore bien les coeurs, les orties. De la folie, de l'indifférence, beaucoup de rêve. Ça oui, du rêve il en faut pour mettre du baume dans les coeurs... Et puis bien sûr des caresses mêlées de mots cinglants, toujours. Bref, rien que des choses ordinaires.
- En effet, cela me semble très izarrien ! Vous avez le verbe facile, la plume brillante, l'éloquence redoutable : seriez-vous dans le giron des muses Raphaël Zacharie de Izarra ?
Il est vrai que j'ai quelque accointance avec les hôtes de l'Olympe. Je conçois pour ces lascives conceptions de l'esprit les plus tendres transports. Entendons-nous bien : leur sensualité est purement désincarnée, leurs charmes exclusivement éthéréens. Cela dit il arrive que l'une de ces inspiratrices de temps à autre descende jusqu'à moi sous une forme plus palpable afin de me souffler plus près de l'oreille quelque mot immortel à coucher sur mes feuilles. Par exemple cette questionneuse qui me fait face, voyez-vous, je la pourrais comparer à ces joueuses de luth qui me hantent exquisément et qui parfois prennent corps pour me témoigner leurs tendresses...
- Vous nous avez accoutumé à bien des frasques et en voilà une nouvelle preuve. J'avoue que vous êtes irrésistible Raphaël Zacharie de Izarra. Justement, comment fait-on pour vous résister ?
On ne me résiste pas, tout simplement.
- Vous voulez dire que votre essence, c'est la fatalité ?
L'expérience izarrienne n'est jamais anodine. Qui m'approche touche à la Vérité, dans une certaine mesure. Irréductible, totale, tragique, ultime, voire mortelle pour ceux qui manquent d'ailes, de souffle, la réalité que j'incarne n'est pas abordable à la première tentative... Bien trempées sont les âmes qui peuvent pénétrer mes profondeurs au premier abord ! La symbiose immédiate des esprits est rare : il faut s'initier à la réalité izarrienne pour y accéder. On appréhende mon cas avec prudence, hauteur, humilité.
- Vous racontez des choses dans vos textes (et certains sont très décriés) qui sont dures, noires, désespérantes, d'une férocité inouïe, parfois d'un humour insupportable, même si par ailleurs vous écrivez de petites et grandes merveilles. La notion de contraste appliquée à vos textes prend une dimension extrême Raphaël Zacharie de Izarra !
N'exagérons rien. Je ne fais que mettre le doigt là où ça fait mal, rien de plus. Je suis un conteur d'histoires, mais également un joueur d'idées. Voilà, j'expérimente sur le papier des situations fictives, mets en scène des vraisemblances, ajoute du sel et du poivre à ma plume pour mieux relever les faits du réel. Mais parfois je relate tout simplement ce que j'observe dans la réalité. Je n'invente rien. Est-ce ma faute si les gens sont vils, stupides, minables ? Dieu merci, l'humanité me montre aussi ses grandeurs et je n'omets jamais de les chanter avec éclat à travers mes textes.
- Vous avez des ennemis Raphaël Zacharie de Izarra, beaucoup d'ennemis. Des vrais, des acharnés. Qui sont-ils et pourquoi vous en veulent-ils autant ?
Vous savez, la littérature, la vraie, est une activité certes réjouissante mais hautement séditieuse pour qui ne craint pas l'usage des mots. Des plus suaves aux plus âpres. Comme le verre qui voltige au-dessus des jouteurs, le verbe qui explose a ses éclats. Ils peuvent blesser, autant que la Vérité. A partir de là, comment voulez-vous plaire au Ciel sans déplaire aux hommes ?
- Raphaël Zacharie de Izarra, qui sont ces drôles d'oiseaux qui vous apprécient ?
Les beaux esprits, bien entendu. Cette espèce est rare, je ne le nie pas. N'est-ce pas ce qui fait son prix ? Les beaux esprits sont ces âmes nobles, courageuses, ardentes qui ne craignent pas d'avouer leur feu au contact de mon verbe. J'ai remarqué que les femmes possédant cette mâle qualité sont toujours superbement belles. Par conséquent j'estime qu'une femme qualifiée par moi de "bel esprit" est nécessairement une créature de grande classe à la vénusté triomphante. Chez toute femme digne de ce nom les beautés se rassemblent, se combinent, l'une n'excluant point l'autre : séductions charnelles et richesses de l'esprit chez elles sont toujours intimement liées... Je parle bien évidemment de la femme bien née, non de la gueuse. Je prétends qu'une femme qui lit mes textes avec coeur ne peut qu'être supérieurement belle car enfin a-t-on déjà vu un laideron s'éprendre du lustre de l'esprit ?
- Raphaël Zacharie de Izarra, vous êtes un gentleman et un personnage d'exception. A ce propos, côtoyez-vous les grands de ce monde ?
Pas du tout ! J'ai su rester simple : je vis toujours au Mans. Je demeure dans la partie haute de la cité toutefois. Cela dit, loin de moi l'idée d'aller me mêler à la mondaine agitation de ce monde. Je ne reçois ni ponte du Vatican ni sommité politique chez moi. La simplicité est encore mon meilleur étendard. J'aimerais tant enseigner cette modestie à mes détracteurs !
- Raphaël Zacharie de Izarra, cette première interview de ma carrière a dépassé mes espérances en termes de qualité, à tous points de vue. Du fond du coeur, je vous remercie.
dimanche 20 mai 2007
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